Grand moment de travail, d’échanges et de convivialité, le stage Europe en est à sa 12e édition et a été accueilli les 17 et 18 novembre 2016 à Vienne (Autriche). Les quelque 35 participants ont bénéficié d’une organisation hors pair par la section du lycée français de Vienne, notamment son secrétaire et son trésorier.
Etaient représentées les sections d’Allemagne, d’Autriche, de Belgique, d’Espagne, de Grèce, de Hongrie, d’Italie, de Norvège, du Portugal, de République tchèque, de Roumanie, du Royaume-Uni, de Russie, de Suisse, de Turquie ainsi que le SNEP-FSU.
Les échanges ont été fournis, de qualité, utiles et ont permis de mesurer les effets « sur le terrain » des réformes en cours à l’Education nationale et du pilotage par trop erratique de l’Agence, de prendre le pouls des sections et des collègues, de faire le point sur les dossiers en cours et les avancées à conquérir.
1) L’actualité de l’AEFE
Elle se décline selon trois axes :
- L’État maltraite l’AEFE. Le budget de l’Agence, et son implication en terme de plafond d’emplois, n’est pas à la hauteur et abîme l’outil formidable que devrait être l’enseignement français à l’étranger. L’AEFE et ses tutelles tentent de faire illusion en plaçant les établissements partenaires sur le même plan que les établissements en gestion directe et les conventionnés. Les tensions sur les détachements et l’idée de la mobilité forcée des résidents ont des présupposés hostiles et infondés à l’égard des résidents.
- L’AEFE dysfonctionne : des fiches de paie à l’avantage familial, de la gestion du bac à la mise en œuvre des ORS et à plusieurs dossiers de ressources humaines.
- Pour autant le dialogue social se poursuit, les groupes de travail débouchent parfois sur des avancées, à l’instar de la compétence du CHSCT pour l’ensemble du réseau et la perspective de création de commissions hygiène, sécurité et conditions de travail locales. Un GT se tenait le jour même sur l’adaptation à l’AEFE de certains droits à congés.
2) Le tour des sections
Il a permis de mesurer la vitalité de la vie syndicale des sections, de la forte représentativité du SNES-FSU à l’aune des très bons résultats aux élections des CE en octobre, de la progression de la syndicalisation. Les sections sont engagées dans des combats qui aboutissent, comme les problèmes de double imposition ou l’amélioration des conditions de travail et de salaires des recrutés locaux. Les problèmes ne manquent pas, liés aux contextes politiques parfois, au coût de la vie souvent, ou à des procédures de recrutement des résidents ne respectant pas le paritarisme ni les textes.
3) Heure d’info syndicale sur le PPCR (Parcours Professionnels, Carrières, Rémunérations)
Il se traduit par des gains salariaux réels, surtout par des mesures indiciaires : revalorisation du point d’indice en 2016 et 2017, reclassement au 1er septembre 2017 dans une nouvelle grille indiciaire, transfert d’une partie de l’ISO en point d’indices (ce qui les fait entrer dans le calcul pour la retraite).
Les enseignants suivront dès 2017 une nouvelle carrière : la carrière avec 2 grades (normale et HC), avec 3 rythmes différents de promotion, c’est fini ! Les indices sont plus hauts pour tous, 100% des collègues accèderont à la hors classe, et un nouveau grade est créé (la classe exceptionnelle).
Trois rendez-vous de carrière (au 6e échelon, au 8e, au 9e) seront des occasions d’accélération. L’évaluation des enseignants est revue, elle devient susceptible de révision. Finies les notes administratives et pédagogiques. Le SNES HDF se bat pour qu’elle reste fondée sur un double regard (inspection par un IPR et entretien avec le chef d’établissement), et qu’évidemment les collègues ne soient pas pénalisés par un traitement différencié.
Les mécanismes de promotion à la hors classe et à la classe exceptionnelle ont été expliquées, sachant que des dispositions transitoires jusqu’en 2020 seront appliquées.
4) Les questions de terrain
- ORS : la mise en place des décrets de 2014 a été chaotique à l’AEFE. Les échanges ont permis de clarifier les IMP, les décharges, les indemnités de jury d’examen.
- Réforme du collège : les situations sont très variables, les emplois du temps souvent complexifiés. Le SNES-FSU appelle à des mises en œuvre souples, réversibles, laissant la main aux enseignants. L’absence de cadrage national et de ventilation par année implique autant de programmes que d’établissements, ce qui pose problème au vu de la mobilité de nos élèves. La réforme promeut la bivalence et affaiblit les ancrages disciplinaires : l’enseignement secondaire risque d’y perdre don identité ; les professeurs ne sont plus des spécialistes de leurs disciplines mais des animateurs pédagogiques...
- LSUN (Livret Scolaire Unique Numérique) : pas applicable cette année à l’étranger car les élèves n’ont pas d’identifiant personnel. Le SNES-FSU appelle à ne remplir que les appréciations et les moyennes.
5) Le rôle du SNES-FSUdans les instances
Le lien est étroit entre les sections et les représentants du SNES-FSU au CT (Comité technique) qui s’occupe des questions collectives à l’AEFE, au CHSCT (Comité Hygiène, Sécurité et Conditions de Travail), aux CCPC (Commissions consultatives paritaires centrales, qui traitent des situations individuelles).
Le rôle des sections locales est aussi indispensable dans les CCPL (Commissions consultatives paritaires locales). Le barème de recrutement est une garantie de transparence et d’équité. L’objet de la CCPL de fin novembre-début décembre est de l’adapter à la nouvelle Instruction générale de recrutement des résidents (IGRR).
Ainsi, ce stage aura permis aux participants de réfléchir sur les enjeux de l’AEFE, de l’action syndicale, des réformes en cours et de l’avenir de l’enseignement français à l’étranger. Ils en sont repartis plus combattifs que jamais !