Le 19 décembre, en adoptant la loi immigration, les parlementaires ont engagé la France dans une trajectoire pointant chaque fois plus vers l’extrême droite.
Il s’agit d’un cortège de mesures inégalitaires, discriminantes, stigmatisantes, précarisantes. Il s’agit d’une atteinte gravissime aux droits des personnes étrangères. Que les choses soient dites : c’est une loi xénophobe et raciste.
Pour nous, personnels du réseau AEFE, cette loi est en contradiction totale avec le travail que nous réalisons et les valeurs que nous défendons au quotidien. Elle ne répond non seulement à aucun des défis majeurs, mais est en plus délétère, et indigne.
Concernant les étudiant
es étranger es, citons notamment :- Des frais de scolarité discriminants
En 2018 l’instauration du label “Bienvenue en France” (sic !) se traduisait par une majoration des frais de scolarité pour les étranger es hors UE, en rupture avec le principe d’égalité qui avait cours jusqu’alors : 2 770 € pour une licence, contre 170 € ; 3 770 € pour un master, contre 243 €. Loin de revenir sur cette mesure discriminante et qui instaure une sélection par l’argent, rejetée d’ailleurs par les universités elles-mêmes (seules 13 d’entre elles – 18% – l’ont appliquée dans son intégralité), les parlementaires souhaitent au contraire forcer son application en l’inscrivant dans la loi.
- Une caution-retour qui dit “on veut vous voir… partir”
Chaque étudiant e étranger e devra faire le dépôt d’une caution pour pouvoir venir étudier en France, qui ne lui sera rendue qu’à sa sortie définitive du territoire. Par cette mesure, le message envoyé à chaque étudiant e, avant même de poser le pied sur le territoire, est qu’il lui faut absolument, nécessairement, en partir.
Le gouvernement s’en défend en disant qu’il ne s’agirait que d’un montant symbolique (quand il peut être revu à tout moment), comme si le symbole même de cette mesure n’était pas indécent.
- Des contrôles qui renforcent… le stéréotype de l’étranger
La loi immigration renforce aussi le contrôle, chaque année, du “caractère réel et sérieux des études”. Sont déployées ici les mêmes ficelles grossières qu’au sujet des prestations sociales : on cherche à détourner l’attention des vrais problèmes (non-recours aux aides et redistribution des richesses) en instillant la suspicion et en faisant la chasse à de prétendus fraudeurs ou fraudeuses pourtant largement minoritaires. Cette mesure vient, là encore, renforcer le stéréotype de l’étranger e malhonnête.
Au sein du réseau d’enseignement français à l’étranger, nous travaillons chaque jour avec des élèves de toutes les nationalités à qui cette loi vient crier qu’ils et elles ne sont pas les bienvenu
Elle vient dresser des murs quand nous tissons du lien.
Elle donne des coups quand nous tendons la main.
Cette loi leur fait mal, cette loi nous fait honte.
Au lieu d’encourager les échanges, de promouvoir la circulation des savoirs, tout est mis en œuvre pour se murer dans la défiance et se créer de faux ennemis. Au contraire, et particulièrement dans un contexte global de montée des fascismes et de crise climatique, nous croyons aux valeurs internationalistes et à la solidarité. Nous croyons en la coopération et aux échanges. Nous croyons en la confiance.
C’est pourquoi le SNES-FSU hors de France appelle à la mobilisation pour obtenir le retrait pur et simple de cette loi indigne qui n’aurait jamais dû exister.
- Lire également le communiqué intersyndical de l’Éducation, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche : Le 21 janvier, non à la loi de la honte !