Le groupe de travail sur les examens s’est tenu à l’AEFE le 8 février, notamment pour faire le bilan de la session 2023 et examiner le projet de note de service de l’Agence pour la session 2024. Consulter notre article examens 2024, actualisé au fur et à mesure de l’année.
1- Bilan de la session 2023
- les candidats individuels (« candidats libres ») : comme le SNES-FSU l’avait demandé à l’Agence, des correcteurs en académie en France sont sollicités pour la correction des copies de ces milliers de candidats hors AEFE. Nous attirons l’attention de l’Agence sur l’impact organisationnel de ces épreuves sur les établissements comme le lycée international Alexandre Dumas d’Alger.
- conditions matérielles d’examen : le SNES-FSU alerte l’AEFE sur les conditions dans lesquelles les candidats de Tunis, Alger, Marrakech, Dakar mais aussi Bruxelles ont passé les épreuves du fait des canicules en juin 2023. Les températures dans les salles pouvaient dépasser 35°C ! Nous demandons que toutes les solutions soient mises en oeuvre pour atténuer les difficultés : décalage des heures des épreuves, aération nocturne des locaux, équipement provisoire ou pérenne en ventilateurs réfrigérants ou climatisation... Il nous est répondu que cela doit attendre la mise en oeuvre des projets immobiliers là où ils sont engagés, et sinon que se posent des problèmes de coût ou de bruit. Le dérèglement climatique laisse augure des sessions de plus de plus difficiles à supporter, et ce dans plus en plus en plus de pays...
- situations de crise : à Port-au-Prince (Haïti), l’insécurité rendant les déplacements très dangereux, le contrôle continu a été de nouveau utilisé pour le bac et le DNB des candidats scolaires ; les candidats individuels ont, eux, passé les épreuves en septembre, avec une sécurité renforcée. A Kyiv (Ukraine), les 5 élèves du cycle terminal ont pu passer les épreuves, quitte à les poursuivre dans les abris sous l’établissement. Un suivi individualisé a permis aux élèves de Khartoum (Soudan) de passer les examens du bac et du DNB en fonction de leur situation, rescolarisés soit en France soit dans un lycée français à l’étranger. Enfin, à Dakar (Sénégal), pour limiter les déplacements alors que les troubles gagnaient les rues, des épreuves ont été décalées de quelques jours (philosophie et grand oral) ou en septembre (pour l’EAF et les candidats individuels), voire supprimées (épreuves ponctuelles d’EPS).
- recours au CNED pour les enseignements de spécialité : le CNED propose l’ensemble des spécialités sauf artistiques (musique, théâtre, cinéma-audiovisuel, dans , histoire des arts) et sportives. Les établissements qui y ont recours doivent assurer un accompagnement administratif et pédagogique. 98% des demandes ont reçu un avis favorable en 2022-23 : 207 demandes pour 659 élèves dans 99 établissements, concernant 12 spécialités. Ces chiffres sont parfaitement stables, témoignant d’un rythme de croisière qui montre que l’attente des familles est satisfaite.
Le SNES-FSU demande qui assure le coût de ces enseignements par le CNED. Ce sont les établissements qui prennent en charge et peuvent -ou non- répercuter sur les familles. Nous demandons qu’un bilan global soit fait à l’échelle du réseau et par types d’établissements. De même, nous insistons pour que le dernier mot quant au choix de suivre une spé par le CNED revienne aux familles.
- les taux de réussite : ils marquent un léger fléchissement mais à des niveaux très élevés (France : 95,7% en série générale).
En rythme nord (20714 candidats) le taux de réussite a été de 97,8 % (-0.7%). Stabilité pour les mentions, 27,2% de mentions TB, 29,3% de mentions B, 25.6% de mentions AB.
En rythme sud (672 candidats), le taux de réussite est identique à celui de l’année dernière, à 99 %.
2- Point sur les indemnités de correction et d’examen
L’AEFE explique que des progrès ont été faits concernant les versements d’IJE (indemnités de jury d’examen) pour les candidats scolaires, mais que des retards subsistent concernant les indemnités pour l’évaluation des épreuves de contrôle continu dans candidats individuels (dits aussi « candidats libres »).
- IJE pour les candidats AEFE : tout repose sur le délai de transmission par les établissements des états de frais. Le SNES-FSU estime que, dès lors que les correcteurs remettent leurs états de frais fin juin à l’issue des épreuves (condition sine qua non...), rien ne justifie que les établissements tardent à les faire remonter à l’Agence dans les semaines qui suivent. Nous avons attiré l’attention sur certaines zones comme la ZENOS et l’urgence à régulariser la dizaine de cas connus de l’AEFE et que nous suivons.
- indemnités pour les candidats individuels : le SNES-FSU a relayé l’amertume voire l’irritation des collègues n’ayant toujours pas été rémunérés pour leurs corrections ou oraux de 2021 ou 2022... L’AEFE doit changer de méthode, ce n’est plus supportable. L’AEFE indique avoir récemment adressé aux centres d’examen concernés une note aidant à clarifier les situations (professeur AEFE détaché, professeur AEFE recruté local, professeur d’établissement partenaire) et escompte une régularisation rapide. Pour la session à venir est mise en place une procédure de paiement simplifiée, par l’application informatique de l’AEFE (MAGE), sans transiter par les académies de rattachement. Les enseignants devront remettre leur état de frais au chef de centre, qui transmettra à l’AEFE.
Qui paye quoi ?
– les détachés sont rémunérés par l’AEFE (IJE et indemnités d’évaluation de contrôle continu
– les recrutés locaux sont rémunérés par l’établissement qui les emploie. L’AEFE recommande que cela soit sur des montants identiques aux détachés. Le SNES-FSU, attaché à l’équité, demande à ses sections d’établissements de lui signaler si ce n’est pas le cas.
Rappel : depuis la session 2023, les ECE (épreuves orales de compétences expérimentales) de SVT et physique-chimie et les épreuves pratiques de NSI seront rémunérées, voir cet article du SNES-FSU.
Nouveauté 2024 : le SNES-FSU avait déjà alerté l’AEFE sur le décalage, pour les interrogations orales, entre le temps rémunéré et le temps réel. Le temps rémunéré était le nombre de candidats multiplié par la durée de l’oral, ne prenant pas en compte le temps de préparation du premier candidat, les temps de battement entre les candidats, les pauses nécessaires, le temps de remplissage des appréciations et notes, etc. L’AEFE nous a entendu : la rémunération des oraux sera désormais déterminée par les horaires de convocation et selon l’état de frais complété par l’enseignant-e.
Nous encourageons les collègues à compléter précisément leur état de frais en indiquant l’heure d’arrivée en salle et l’heure de départ du centre d’examen. Plus généralement pour éviter tout blocage ultérieur, nous conseillons de conserver une copie de l’état de frais et de s’assurer, via la section SNES-FSU de l’établissement, que le chef d’établissement transmet au plus tôt les états de frais à l’AEFE.
3- Perspectives sur la session 2024
- oraux en visioconférence : l’AEFE assume de continuer à recourir au distanciel pour les oraux du grand oral car cela permet, outre de réduire l’empreinte carbone de l’examen, de proposer une variété plus grande de disciplines.
Pour le SNES-FSU, la norme d’un examen est le présentiel. Nous nous sommes fait l’écho des dysfonctionnements en zone Amlasud qui démontrent que l’examen à distance constitue une forme dégradée d’examen : la visio dénature l’épreuve dans ses conditions pratiques (problème de son) et dans l’interaction entre examinateur et candidat (nécessité pour le jury et/ou le candidat de répéter questions ou réponses). Pour le SNES-FSU, seule la situation sanitaire amenant à fermer un établissement ou les frontières ou une situation sécuritaire tendue peut justifier, exceptionnellement, le recours à la visioconférence pour la tenue d’examens oraux. Nous avons dénoncé la propension de la zone Asie Pacifique à vouloir utiliser les visios à tout va, à l’instar de l’épreuve de spé LLCER à Tokyo.
Le SNES-FSU dénonce la rupture d’égalité des candidats devant l’examen que génère le recours au distanciel dans certains centres : certains passent dans des conditions normales, d’autres en visio avec des connexions satisfaisantes, d’autres encore en visio mais avec des ruptures d’images ou de son, en répétant ou faisant répéter ce qui gêne les examinateurs. Des candidats sont interrogés par leurs propres professeurs de l’année (cas des ECE si l’enseignant n’a pas la spécialité en charge), ce qui contrevient aux consignes générales du MEN. Il revendique le déplacement des interrogateurs, seule garantie d’un examen de qualité et d’une évaluation plus conforme à ce que doit être un examen qui est encore un peu national !
L’AEFE reconnaît avoir eu des retours d’oraux de grand oral « pas optimaux » en Amlasud et zone Asie Pacifique. Qu’elle en tire la conséquence et assure des conditions d’excellence pour un « réseau d’excellence » ! Et ce n’est pas le constat que les moyennes n’ont pas diminué avec la visio qui peut satisfaire la demande d’égalité et de qualité. L’Agence prévoit cependant d’organiser le grand oral en distanciel en zones Amlanord, Asie Pacifique et Amérique du nord, ainsi que les ECE en Russie et ZECO. Nous sommes intervenus pour que la demande de déplacement d’examinateur pour les ECE au lycée français de Stockholm soit favorablement étudiée.
Le SNES-FSU demande aux collègues de l’alerter dès lors qu’une épreuve orale est organisée en distanciel alors que rien n’empêche les déplacements d’examinateurs (frontières ouvertes, pas de contrainte sanitaire particulière).
- composition des jurys, décharge de surveillance, enseignant et ses élèves : le SNES-FSU avait obtenu en 2023 des améliorations en conformité avec les textes réglementaires en France, à savoir :
– pour la correction du DNB, sont mobilisés en priorité les enseignants exerçant en collège n’ayant pas été sollicités pour le baccalauréat. Les enseignants de lycée déjà convoqués dans un jury de baccalauréat ne doivent être appelés qu’en dernier recours. Cela évite par exemple, pour les professeurs de lettres, d’ajouter le DNB aux écrits + oraux de l’épreuve anticipée de français et au grand oral.
– les correcteurs de philosophie et de lettres sont déchargés de surveillance de ces deux épreuves, au vu de leur charge de travail en juin. Nous avons au GT 2024 demandé que cela concerne toutes les épreuves de fin d’année, y compris celles de spécialités qui se tiennent après les écrits de lettres et philosophie. La note du MEN n’ayant pas été modifiée, cela n’est pas validé ; cependant dès lors que les collègues se sont vus remettre des lots de copies à corriger, ils ne peuvent pas surveiller les épreuves.
– aucun enseignant ne peut examiner un candidat qu’il a eu comme élève durant l’année ni surveiller ses propres élèves ;
- convocations : le SNES-FSU a fait préciser qu’elles doivent être transmises par le chef d’établissement, par écrit doublé d’un mail.
- décharge de cours pour tous les correcteurs : le SNES-FSU rappelle que beaucoup de correcteurs enseignent aussi dans des classes de collège où les cours se poursuivront, comme ceux de seconde et 1re, et que la nécessité de décharge de cours est impérative. La note de service sur les examens prévoit cette possibilité, il faut y recourir. Nous avons obtenu que la décharge mentionne également les épreuves qui se tiennent en septembre.
Le SNES-FSU conseille aux correcteurs d’utiliser leur droit à décharge de cours, dès lors que la charge de correction le justifie.
- plateforme de correction : depuis 2023 c’est la plate-forme Santorin, qui est utilisée pour la correction numérisée des copies de bac. Viatique reste de mise pour la correction du DNB.
- coordination pédagogique des examens : la note de service AEFE sur les examens le SNES-FSU précise que les enseignants formateurs, les enseignants détachés et les titulaires en recrutement local peuvent être sans distinction sollicités pour être référent pédagogique lors de la correction des examens. Cette tâche ne peut pas être imposée, elle est fondée sur le volontariat. Nouveauté 2024 : le SNES-FSU a enfin été entendu concernant la rémunération pour cette mission, qui sera mise en place sous la forme d’indemnité pour mission particulière (1/4 d’IMP), sous réserve de validation par la DRH.
- service coordinateur des examens : l’expérience de ces dernières années montre que le déroulement des examens gagne en efficience lorsqu’un service coordinateur des examens les pilote à l’échelle d’une zone. La plupart des zones sont à ce jour dotées d’un tel service ou en passe de l’être, à l’exception des zones Océan Indien, Afrique australe et orientale et Moyen-Orient (hors Egypte).
Le SNES-FSU insiste sur la nécessité de donner les moyens humains à de tels services pour qu’ils puissent fonctionner au mieux. L’Agence répond que des postes sont créés à plein temps
- situations particulières : au Niger, le lycée Jean-de-la-Fontaine à Niamey fonctionnant en distanciel depuis la rentrée 2023, les élèves encore sur place ou au Togo composeront à Lomé. En Israël, un report de 15 jours est à l’étude pour le bac en juin, pour prendre en compte les traumatismes subis en octobre. En Grèce, le DNB pourrait être reporté à septembre du fait de la conjonction à la date prévue d’un week-end électoral suivi d’un jour férié. En Amérique centrale, la date du DNB serait repoussée au 1-2 juillet du fait des dates de contrat des personnels de droit local. En Iran, malgré les difficultés faites à l’Ecole française de Téhéran privée de ses élèves binationaux et iraniens, des discussions avec les autorités locales visent à permettre aux élèves du cycle terminal d’achever leur cursus. A Haïti, le lycée de Port-au-Prince reste centre d’examen en présentiel pour la vingtaine d’élèves de 1re et terminale.
- frais d’examen : au vu de la grande diversité et de l’inflation de ces frais (de 200à 400 € pour un candidat scolaire en terminale), le SNES-FSU demande sur quelle base de calcul ces frais sont établis. Cela dépend de ce qui est mutualisé au sein de chaque zone, mais recouvre les frais suivants : fonctionnement du service des examens, scanners, déplacement des examinateurs, IJE, reprographie des copies, surveillance... Nous demandons qu’un étude globale soit menée.
- BTS : l’expérimentation se poursuit dans trois établissements, à Athènes (BTS tourisme), Casablanca et Tanger (commerce international), avec 15 étudiants. Ils passeront leur examen en juin 2024, et les deux cohortes suivantes en 2025 et 2026. Un bilan sera fait à la fin de l’année 2025-26, mais la dynamique n’est pas à la hauteur des attentes et des efforts.
La note de service sera soumise à avis au CSA du 26 mars 2024. Une fois adoptée, nous la mettrons en ligne dans l’article examens 2024. Le SNES-FSU adresse à tous ses adhérents à jour de cotisation un vademecum des examens détaillant les droits et les devoirs des correcteurs et l’action collective à organiser si besoin.